Le 30 avril 2025, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a présenté sa réforme du financement de l’apprentissage. Riche en mesures d’envergure, sa mise en place sera effectuée en deux temps. Une première salve d’ajustements est prévue pour le 1er juillet 2025, tandis que le reste devra attendre l’année suivante. En ces temps de rigueur budgétaire, ce n’est qu’une demi-surprise de voir la filière de l’alternance mise à contribution ! Aussi, dès février, un décret avait déjà revu à la baisse le montant de l’aide à l’embauche des apprentis. Parmi les cibles prioritaires : les grandes entreprises, dont l’enveloppe a été réduite de deux tiers. Les temps changent (et vite !), et l’évolution du financement de l’alternance doit être connue et comprise par tous ses acteurs. À ce titre, le rôle d’acteurs engagés pour l’alternance tels que l’iSCOD ou encore notre partenaire Walt semble déterminant.
2025, une année pivot pour le financement de l’alternance ?
Inévitable conséquence du succès de l’alternance ? Besoin de freiner l’hémorragie des comptes publics… ou les deux ? Si chacun sera juge des causes des mesures annoncées par le gouverement, ces dernières s’apprêtent à transformer en profondeur l’alternance. Aussi, le financement de l’alternance n’a pas attendu la réforme ministérielle pour subir un sacré coup de rabot. Alors, que s’est-il passé depuis le début de l’année ?
Un premier coup de semonce dès février
Le décret du 22 février 2025 a réduit parfois drastiquement l’aide maximale accordée à chaque contrat d’apprentissage. Jusque-là fixée à 6 000 euros par apprenti, son montant varie désormais selon trois critères :
- Pour les entreprises de moins de 250 salariés, l’aide ne pourra plus dépasser 5 000 euros.
- En ce qui concerne les entreprises de plus de 250 salariés, la réduction est plus brutale. Le montant de l’aide a été réduit à 2 000 euros.
- Enfin, pour les apprentis en situation de handicap, l’aide reste à 6 000 euros, peu importe la taille de l’entreprise. C’est une volonté admise de la part du gouvernement de favoriser l’inclusion des travailleurs handicapés.
Ces aides continuent de ne s’appliquer qu’à la première année de contrat. Leurs conditions d’éligibilité ne changent pas non plus, les formations devant couvrir des niveaux allant du CAP au Master.
En outre, les entreprises de plus de 250 employés doivent atteindre les 5% de contrats d’apprentissage ou professionnel dans l’effectif total annuel. Elles doivent également compter au moins 3% d’alternants, et avoir connu une progression de 10% de leur nombre d’ici à la fin de l’année suivant la conclusion du contrat.
Pour les entreprises de moins de 250 salariés, pas de panique, ces dernières conditions ne s’appliquent pas !

Les grandes mesures de l’été
Avec cette réforme, le gouvernement déclare vouloir prioriser le financement de l’alternance. Selon les besoins du marché du travail, d’une part, mais aussi pour améliorer la soutenabilité de son modèle financier. En substance, la démarche se veut plus utilitariste. À l’heure des coupes budgétaires, l’état veut favoriser les branches professionnelles ayant le vent en poupe. Comment ? Voici l’essentiel des mesures annoncées :
- Pour tout employeur recrutant un apprenti en formation de niveau 6 ou 7 (Bac+3 à Bac+5), il sera demandé une contribution de 750€ à titre forfaitaire, qu’il devra verser au centre de formation. C’est la mesure faisant le plus parler, justifiée par le gouvernement comme un moyen d’impliquer davantage les entreprises dans le processus de financement des formations.
- Si une formation est réalisée au minimum à 80% à distance, son niveau de prise en charge (ou NPEC) sera réduit de 20%. La raison invoquée est le coût logistique, jugé comme moins important que pour les formations en présentiel.
- Le niveau de prise en charge devient journalier pour les centres de formation, et non plus mensuel pour éviter les dérives et mieux correspondre aux durées réelles d’apprentissage.
Vous l’aurez compris, il faudra donc miser sur la bonne volonté des entreprises ! En prenant en compte ces mesures, mais aussi celles déjà actives depuis février, pour maintenir leur confiance dans l’alternance. L’effort demandé est réel, mais le gouvernement ne les justifie pas en désignant la filière comme un risque économique à minorer. Au contraire ! Il requiert des entreprises un travail de concert avec l’état pour son maintien et sa pérennité.
À quoi s’attendre en 2026 pour le financement de l’alternance ?
La seconde partie des mesures prévues par la réforme du financement de l’apprentissage entrera en vigueur à la rentrée 2026 :
- Le plafond de 12 000 euros des niveaux de prise en charge des niveaux 6 et 7 sera étendu au niveau 5 (Bac +2).
- Souvent jugés comme trop nombreux et complexes, les 800 000 niveaux de prise en charge devront être considérablement réduits pour ne pas s’élever à plus de 3 500. Un seul NPEC sera désormais défini par certification.
- France Compétences établira un niveau de prise en charge de référence pour chaque certification, que les branches professionnelles pourront faire moduler à hauteur de 20%, selon leur convenance et leur équilibre budgétaire.
On comprend que la réforme du financement de l’apprentissage s’inscrit aussi dans une logique d’uniformisation et de simplification, et ne se contente pas de raboter les aides publiques. Une clarification d’ampleur qui a aussi pour objectif de ne pas perdre dans un dédale administratif des entreprises déjà bien sollicitées dans leurs nouvelles démarches…
Entre incertitude et nouvelles opportunités
La volonté gouvernementale de pousser les entreprises à davantage s’investir dans le financement de l’alternance n’est évidemment pas sans risque. La conséquence la plus probable serait de voir ces mêmes entreprises mettre le hola dans leur participation à cette filière. Il faudra donc être attentif aux humeurs du marché !
Si l’essentiel des mesures de la réforme n’a pas encore été appliqué à l’heure actuelle (juin 2025), on peut déjà sentir les premières tendances chez les professionnels : un sondage effectué par Jobteaser via Linkedin n’a vu que 16% de ses votants estimer que les décisions gouvernementales n’auront pas de conséquences sur la filière de l’alternance. 43% déclarent que leur impact génèrera surtout de l’incertitude.
Logiquement, les projecteurs se tournent sur les grandes entreprises. Sans céder à l’alarmisme, il ne semble pas exagéré de dire que leur réaction à ces mesures pourrait redéfinir l’avenir de la filière. Jean-Philippe Nadal, directeur des équipes de consultants chez LFC Humain et ASFO Grand Sud a bien identifié ce risque : « cette diminution des aides pourrait freiner l’engagement de certaines entreprises, notamment les grandes structures, qui sont de gros pourvoyeurs d’apprentis ». Mais il note cependant que « plus les entreprises investissent dans un programme structuré, plus elles en retirent des bénéfices à long terme, tant sur la fidélisation des jeunes talents que sur l’amélioration des compétences en interne ».
Du côté des syndicats, la réaction a été globalement positive, avec toutefois quelques nuances. Michel Beaugas, secrétaire confédéral de Force Ouvrière, a déclaré que « toutes les mesures qui vont dans le sens d’un meilleur contrôle de la qualité de l’apprentissage et de la lutte contre la fraude sont les bienvenues », tout en émettant des réserves sur la proratisation journalière du versement des aides.

Accompagner dans une filière en pleine mutation
Dans son dossier de presse, le gouvernement explique avoir conscience du succès de l’apprentissage. C’est une « passerelle vers l’emploi » dont la fiabilité est régulièrement confirmée par les chiffres. En 2024, ce sont plus de 600 000 contrats d’alternance qui ont été signés (un record !). De plus, le taux d’insertion professionnelle des apprentis se révèle bien plus élevé que celui des autres étudiants. Toujours en 2024, on relevait que 80% des alternants avaient trouvé un emploi dans les six mois après la fin de leur contrat.
Ces mesures n’arrivent donc pas comme la sanction d’un secteur en perte de vitesse. C’est même tout l’inverse ! L’apprentissage reste plus que jamais une filière d’avenir. Que l’on soit enthousiaste ou critique vis-à-vis des choix du gouvernement, l’accompagnement des entreprises et des alternants se révèle on ne peut plus nécessaire.
Il vaut mieux prévenir que guérir !
Ces nouvelles mesures sont censées optimiser et réorienter les fonds de prise en charge des formations des apprentis. Difficile de ne pas y voir, toutefois, une évidente coupe budgétaire – et une plutôt radicale pour les entreprises de plus de 250 employés cherchant à accueillir des alternants.
Ces changements surviennent par vagues et ne seront sans doute pas les derniers. Leur bonne connaissance s’avère ainsi fondamentale pour tout acteur de l’alternance.
Notre partenaire Walt, en sa qualité d’organisme qui accompagne les acteurs engagés pour une alternance durable, n’a pas attendu les nouvelles évolutions du financement de l’alternance pour proposer toute une somme de ressources, d’analyses et de documents pour mieux appréhender l’évolution de la filière. Leur « bibliothèque alternance » est une base de données aussi riche que pertinente pour les entreprises comme les candidats à l’alternance, que Walt cherche aussi à rassurer :
« Les évolutions des financements de l’alternance impactent directement les entreprises et les jeunes. Pour continuer à faire de l’alternance un levier d’insertion efficace, il est essentiel d’accompagner tous les acteurs dans cette transition. Plus que jamais, notre rôle est d’informer, d’orienter et de soutenir ceux qui souhaitent s’engager dans cette voie. »
Walt, la voix de l’alternance
L’accompagnement comme remède à la frilosité concernant le financement de l’alternance
Des établissements comme l’iSCOD sont là pour aider les entreprises à saisir les opportunités derrière ces mesures. Qu’il s’agisse de la réduction du montant maximal des aides à la formation, de celui des parcours à distance ou de l’ajout d’une contribution forfaitaire… toutes ces évolutions pousseront à faire des choix ! Et ce processus aura besoin d’un aiguillage par des professionnels de la filière : si les investissements doivent être plus ciblés, ces décisions auront tout intérêt à bien cerner l’état et les nouvelles dynamiques de l’alternance.
Cette réforme a fait le pari d’une aide conditionnée aux besoins du marché. L’iSCOD, en ayant fait des secteurs d’avenir une priorité stratégique, offre une vitrine de choix pour les candidats en quête de formation, et les entreprises en demande de nouvelles compétences. Les transformations rapides des secteurs du marketing digital, du développement web ou de l’intelligence artificielle requièrent des profils adaptés et adaptables à ces changements.
Chez l’iSCOD comme chez Walt, l’accompagnement des acteurs de ces filières porteuses ne constitue pas juste un atout. C’est l’huile nécessaire au bon fonctionnement des rouages du marché. Car l’apprentissage est et reste un mécanisme dont l’efficacité est très largement attestée. Les conséquences des évolutions du financement de l’alternance ne seront positives que si les entreprises, en particulier les plus grandes structures, disposent d’une information complète et éclairée sur ce qu’elles gagnent à encourager cette filière.
Vous cherchez une entreprise qui recrute en alternance ?

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