L’égalité, comme principe ou comme horizon, reste l’un des trois grands piliers de notre nation. Et si l’existence donne à certains une longueur d’avance quand d’autres doivent tirer un boulet, le choix d’une orientation adaptée est souvent le meilleur moyen de pallier des conditions défavorables. Le modèle de l’alternance a fait ses preuves au sein de la population en général. Les études pullulent, et cet article ne fera pas l’économie d’en citer encore quelques-unes ! Mais les bienfaits de l’alternance se voient aussi (et parfois même à plus forte raison) chez les plus défavorisés. Pour assurer l’égalité des chances, tous les acteurs de la filière se mobilisent !
Formation en alternance et QPV : quels résultats ?
En France, on parle de Quartiers prioritaires de la Politique de la Ville (QPV) pour désigner des territoires dans lesquels l’État intervient afin de réduire les écarts de développement. Ces espaces sont déterminés comme tels selon les revenus de ses habitants. En soi, on ne parle pas de quartiers pauvres, mais l’idée est sensiblement la même, plus politiquement correcte. Les formations en alternance peuvent-elles aider à tempérer ces inégalités territoriales ?
La réponse est oui. Elles le font déjà.
L’alternance, un tremplin professionnel pour les plus défavorisés
Nous en avions déjà parlé, l’alternance est à préférer aux cursus classiques si l’on veut optimiser ses chances d’embauche. Mais est-ce que ces tendances se voient aussi chez les jeunes résidant en QPV ? Quelle(s) différence(s) avec la population générale ?
Les révélations du rapport du CEREQ publié en août 2024 confirment des chiffres positifs pour les formations en alternance. Il faut d’abord savoir que les populations des QPV accusent un taux de chômage élevé. Chez les 15-29 ans de ces quartiers, il est deux fois plus élevé qu’aux alentours. On les estime respectivement à 15% et 30%. Les causes sont multiples, de l’origine sociale et/ou immigrée au manque de diplôme. Naturellement, elles peuvent aussi se cumuler, et aggraver le décalage.
L’alternance semble toutefois diminuer cet écart d’employabilité, au point de l’abolir dans certaines circonstances :
- Trois ans après la fin de leurs études, les alternants des QPV sont 75% à avoir un emploi. Ceux sortant d’un cursus classique ne sont que 66% dans la même situation.
- Plus surprenant, la différence entre les jeunes des QPV et non-QPV disparaît quasiment pour les alternants en CDI après trois ans de vie active. Cet écart n’est vraiment visible que chez ceux ayant suivi des études classiques.
L’alternance apparaît donc comme une pédagogie productive, même dans les milieux défavorisés. Au niveau des salaires, les jeunes travailleurs issus des QPV accusent un léger retard par rapport aux autres. Mais la formation en alternance assure au moins un meilleur accès à l’emploi. Encore faut-il que cette jeunesse soit au courant de l’existence de ces passerelles, et qu’on les y guide. Car c’est bien là que le bât blesse.
Une question d’accessibilité
En dépit de chiffres encourageants, le vrai problème des QPV reste l’accès en lui-même à l’alternance. Le rapport du CEREQ monter que seulement 23% des jeunes des QPV optent pour ce type de formation. Ils sont 33% hors QPV. Là encore, les causes de ce décalage ont tendance à s’additionner. On pense à l’éloignement du lieu de travail ou du centre de formation, ou au manque d’accompagnement et d’information.
La formation en ligne peut en partie régler le problème de la mobilité. Plusieurs CFA, l’iSCOD en tête, ont fait de la flexibilité pédagogique un outil pour lutter contre ce genre d’inégalité. Avec des formations 100% en ligne et des rentrées toute l’année, l’iSCOD aide à franchir des obstacles géographiques ne devant pas barrer la route des apprenants. Idem pour le coût desdites formations : entièrement gratuites, elles n’abandonnent pas les plus précaires. D’autant que l’alternance garantit un salaire, contrairement aux stages en entreprise.
Les politiques publiques ont bien sûr un rôle à jouer. La Cour des Comptes, armée du rapport CEREQ, suggère un renforcement de l’accès à l’alternance. Le système des Cités Éducatives mis en place en 2019 agit déjà dans ce sens, en mettant en relation centres de formation et jeunes des QPV. Mais il reste encore beaucoup à faire !

L’alternance, une main tendue pour ceux qui ont décroché
En 2023, le taux d’abandon scolaire s’élevait à 7,6%. Comprenez que des dizaines de milliers de jeunes se retrouvent chaque année sans diplôme ni qualification reconnue. Les conséquences pour leur insertion professionnelle sont catastrophiques : 49% des jeunes non-diplômés sont au chômage trois ans après la fin de leurs études. Un taux deux fois et demi supérieur à ceux ayant eu le bac (20%). Alors, comment faire pour « raccrocher » les décrocheurs ?
L’alternance a montré qu’un apprentissage pratique court-circuite les inquiétudes liées à l’abstraction du théorique. La perspective de regagner les bancs de la fac sans garantie d’expérience professionnelle pendant ou après les études est décourageant. Ça l’est d’autant plus après un décrochage. Le meilleur moyen de dissiper le brouillard généré par l’incertitude, c’est du concret. En faisant de l’immersion dans le monde professionnel une partie intégrante de sa pédagogie, l’alternance met déjà un pied dans « l’après ». Et le salaire, symbole de l’émancipation, est un argument de poids.
Une étude de la DARES a montré que chez les décrocheurs, seuls 4% partent vers l’alternance d’eux-mêmes. Le chiffre est presque multiplié par cinq lorsqu’ils disposent d’un accompagnement. Encore une fois, compte tenu des résultats de la formation en alternance, c’est la prise en charge qui pose problème. Comme si la fusée était révolutionnaire, mais sa rampe de lancement en carton-pâte.
Handicap et alternance : un levier pour l’égalité des chances ?
Au-delà de la question des QPV, celle du handicap reste centrale dans la lutte contre les inégalités. Les personnes bénéficiant de la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (ou RQTH) nécessitent des aménagements et une prise en charge spécifiques, dépassant souvent – pour ne pas dire toujours – les préjugés liés à leur condition.
Des contrats d’apprentissage aménagés
En substance, ceux disposant de la RQTH peuvent suivre n’importe quelle formation. Leur situation leur donne en outre des droits spécifiques :
- La limite d’âge est levée. Un aspect important pour ceux dont le handicap est le résultat d’un accident, et qui cherchent à changer de voie.
- Le temps de travail peut être aménagé, et s’étaler sur quatre ans au lieu de trois au maximum.
- Un référent handicap assure un accompagnement adapté. C’est une obligation légale pour tous les CFA depuis 2019.
Toutes ces mesures garantissent un cadre suffisamment permissif aux CFA pour s’adapter aux besoins spécifiques de chacun. Car le handicap est loin d’être un monolithe, et chaque cas est différent. Du côté des travailleurs handicapés, ces aménagements sont autant d’invitations à se lancer dans l’aventure. En règle générale, les retours du terrain sont positifs, et témoignent d’un pas en avant pour l’égalité des chances.
Pour les entreprises, les coups de pouces financiers pour la prise en charge des personnes handicapées existent. La récente réforme de l’apprentissage a même épargné cette catégorie en maintenant l’aide à 6 000 euros pour tout alternant en situation de handicap. Et ce, peu importe la taille de l’entreprise. Pour les autres, les coupes ont été plus sévères.

Des efforts appréciés, mais encore insuffisants
L’Agefiph (Association de Gestion du Fonds pour l’Insertion Professionnelle des personnes Handicapées) a dévoilé les résultats d’une enquête menée par l’Ifop fin 2024 autour des questions du handicap et de l’égalité des chances. Si certaines tendances donnent de quoi se réjouir, d’autres révèlent qu’il y a encore du pain sur la planche !
Sans surprise, une large majorité de personnes en situation de handicap rencontrent encore des difficultés à trouver un emploi (62%). Un chiffre bien supérieur à la moyenne nationale (35%). Mais une majorité plus grande encore dit apprécier les efforts mis en place pour s’adapter à leur situation (66%). On avoisine même les 70% de satisfaits concernant la bienveillance de l’organisation, en dépit de la crainte des discriminations de l’entourage professionnel. Seule une personne sur deux témoigne de son handicap à ses collègues. Une réticence compréhensible quand 64% des répondants disent avoir, un jour ou l’autre, été traités de manière injuste.
Il ressort en outre de cette étude un désir de mieux former les managers sur la question du handicap. On revient là à la question plus globale de l’accompagnement : le potentiel est là, mais la logistique patine.
Reste que de plus en plus d’alternants sont des personnes handicapées. De la même façon que l’alternance a explosé ces dernières années, l’effectif disposant de la RQTH a suivi le mouvement. Proportionnellement, en revanche, tous comme les habitants des QPV ou les décrocheurs, ils sont moins nombreux que la population générale à y accéder. Selon la DARES, ils ne sont encore que 2% de l’effectif global, là où l’Agefiph aimerait voir ce nombre monter à 4%, au moins.
Révéler le potentiel de chacun
L’inégalité est une affaire d’adaptation. Parce qu’on ne sera jamais tous pareils (ce serait d’ailleurs bien triste), l’alternance, comme toute forme de pédagogie, doit être fluide, évolutive. Les études et éléments de réflexion cités plus hauts montrent des signes encourageants pour le secteur de l’alternance. Mais encore faut-il s’assurer qu’un maximum de personnes y ait accès ! La personnalisation de l’accompagnement face à la diversité des profils est un objectif à long terme.
Mieux former les accompagnants semble être l’une des pistes à privilégier. Il existe chez les plus défavorisés un terreau fertile de potentiels ne demandant qu’à être réveillés. Beaucoup (trop) ratent une occasion en or de s’insérer professionnellement en raison d’un manque d’information, ou d’orientation adéquate. C’est maintenant aux grands acteurs de la filière d’en prendre conscience et d’agir !
Vous souhaitez vous informer sur l’alternance et sur comment ce format de parcours alliant théorie et pratique pourrait vous permettre de vous réaliser professionnellement ? Nos conseillers iSCOD sont là pour vous accompagner pas à pas !
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