L’intelligence artificielle effraie autant qu’elle fascine. À l’instar de bon nombre de révolutions technologiques, les possibilités offertes ont de quoi donner le tournis. Et si la science-fiction a eu le mérite de nous préparer à ses pires dérives, son utilisation de plus en plus répandue, notamment chez les jeunes, nous permet déjà de tirer la leçon suivante : l’IA est là pour rester. Le parcours professionnel de la génération Z inclura nécessairement ce nouvel outil, et les formations devront s’y adapter !
L’utilisation de l’IA chez les jeunes : peut-on parler de Génération IA ?
On entend souvent que la technologique de l’intelligence artificielle générative n’en est qu’à ses balbutiements. C’est sans doute vrai, mais ça n’a pas empêché un très large public d’en faire déjà un outil quotidien ! Sa facilité d’utilisation pour les tâches les plus basiques, couplée à des possibilités de personnalisation quasi-infinies, ont rapidement convaincu des centaines de millions d’utilisateurs de par le monde, et la tendance ne montre aucun signe de ralentissement, bien au contraire.
Loin d’être un phénomène de niche
La génération Z est née dans un monde transformé par l’arrivée d’internet. Sans surprise, l’utilisation de l’IA chez les jeunes est déjà très répandue. Leur adaptabilité aux nouvelles tendances tech ne surprend plus, mais la rapidité de l’adoption de l’IA est sidérante.
Le rapport annuel Born AI de l’agence Heaven a interrogé 495 jeunes entre 18 et 25 ans au sujet de leur consommation d’IA. Et les résultats sont édifiants :
- 93% des répondants disent avoir utilisé un service d’IA pendant les six derniers mois. Une augmentation de 8% par rapport à 2024.
- La fréquence d’utilisation quotidienne a doublé en un an, en passant de 21 à 42% !
- ChatGPT domine très largement la concurrence : 84,6% affirment l’avoir utilisée.
L’intelligence artificielle s’inscrit donc clairement dans la lignée des derniers bouleversements technologiques. Aux yeux de l’Histoire, il y aura un avant, et un après. La forme évoluera certainement dans le temps, mais le fonctionnement de nos sociétés en lui-même sera influencé par l’IA.
L’IA, dans quel cas ?
L’un des facteurs expliquant l’exploitation grandissante de l’IA chez les 18-25 ans vient du contexte estudiantin. Toujours selon le rapport de Heaven, tout ce qui touche à la rédaction de texte, leur synthèse, leur correction voire leur traduction passe de plus en plus par l’intelligence artificielle. Idem pour la recherche d’informations ! Plus de 60% l’utilisent dans cet objectif, en lui accordant même plus de confiance qu’à Wikipédia !
Ces tendances se retrouvent très largement dans une étude produite auprès des étudiants de la SKEMA business school :
- 72% d’entre eux l’utilisent dans le cadre de leurs études, et 66% dans leur vie personnelle. La frontière est donc mince.
- Parmi eux, 87% disent avoir gagné en efficacité, comme dans la réalisation de tâches répétitives, l’analyse de données massives ou simplement le fait de trouver réponse à leurs questions.
- Un autre chiffre révélateur : pour 64% des répondants, tout retour en arrière est impossible.
Et les étudiants ont du nez. Parce qu’ils ont conscience que l’IA est une technologie d’avenir, le besoin d’une formation adéquate leur paraît indispensable. 76% considère qu’elle doit venir de l’école, c’est moins que par l’employeur (65%) ou par ses propres moyens (64%). Nous verrons plus loin que ce désir est également présent chez les jeunes actifs.
Dans le travail, mais pas que !
Lorsque l’on parle de Génération IA, il ne faut pas se limiter à l’usage fait par les étudiants. Ce nouvel outil a pris une place prépondérante dans le quotidien des plus jeunes. Il peut nous conseiller pour des recettes, trouver rapidement la réponse à n’importe quelle question nous traversant l’esprit, ou même engager une conversation fleuve sans but particulier.
L’utilisation de l’IA chez les jeunes va donc bien au-delà d’une simple aide d’étude. C’est un outil multifonction qu’on utilise aussi par plaisir ! Et sans nécessairement imaginer un futur à la Her (Spike Jonze, 2013)… disons qu’on s’en rapproche. Et à vitesse grand V.
Il n’est donc pas insensé d’imaginer que les chatbots feront partie de notre vie de tous les jours, très bientôt. Le monde professionnel travaille activement à leur développement. Mais leur « usage » ira certainement beaucoup plus loin qu’un simple onglet sur un navigateur. La jeune génération a déjà fait d’outils comme ChatGPT un assistant personnel qui les connait intimement. En d’autres termes, la vie privée comme la vie publique seront bientôt imprégnées d’intelligence artificielle.

La formation à l’IA : une nécessité pour les CFA ?
Il paraît évident, aujourd’hui, que les centres de formations aux veilles technologiques les plus poussées prépareront bien mieux les travailleurs de demain au marché de l’emploi. En soi, beaucoup de jeunes (et moins jeunes) adultes ont découvert sur le tas les possibilités de l’intelligence artificielle, et s’en servent déjà dans leur travail. Si les résultats sont déjà positifs, le besoin de formation reste crucial. Et cette nécessité est autant manifestée par les travailleurs que les employeurs !
L’IA déjà adoptée par les salariés
Une très large enquête menée par le Boston Consulting Group auprès de 10 600 salariés de 11 pays témoigne déjà d’une grande présence de l’IA dans le monde de l’entreprise. Et pour 72% des interrogés (64% en France), son utilisation se fait plusieurs fois par semaine. Généralement, plus on est à l’aise avec l’outil, plus on l’utilise. La personnalisation de l’expérience y est pour beaucoup, et c’est un socle de l’IA : elle apprend à nous connaître. Et inversement.
L’un des chiffres les plus intéressants de l’étude révèle que 47% des répondants considère gagner une heure par jour grâce à l’IA ! Mais ce gain de temps n’est pas forcément suivi d’effets concrets : un tiers de ce groupe ne reçoit pas de directive pour optimiser ce gain. Si beaucoup enchaînent avec une autre tâche, c’est l’emploi du temps au global qui devrait être repensé. Et à un niveau structurel, pas seulement individuel. Pour la hiérarchie, c’est tout un système qui est à repenser, et le plus tôt possible.
Une jeunesse formée, un atout pour l’entreprise
L’étude du BCG ne se contente pas de vanter les vertus actuelles de l’IA dans le quotidien des salariés. Ce qui en ressort, c’est surtout un appel clair et déterminé à une meilleure prise en charge de formations pertinentes.
Ils ne sont que 36% (28% en France) à considérer avoir été assez bien formés à l’usage de l’intelligence artificielle. De même, ceux ayant passé cinq heures avec un coach sont plus susceptibles d’y avoir recours. On descend à 25% (et jusqu’à 12% en France !) lorsqu’il s’agit de dire qu’on a reçu des directives claires et un bon accompagnement de la hiérarchie à cet effet.
Signe que nous avons déjà franchi le point de non-retour, les générations Z et Y, dans une large proportion, avouent considérer l’usage de l’IA même sans y être autorisées. On parle alors de « Shadow AI », un phénomène qui pourrait être contrôlé par une mise à disposition d’outils adaptés. Puisque l’utilisation de l’IA chez les jeunes explose sans signe de ralentissement, le lieu de travail en sera fatalement affecté. C’est inévitable.
Une demande grandissante de compétences spécifiques à l’IA
Access Partnership et Amazon Web Services ont publié conjointement un sondage mené auprès de 6 500 employés et 2 000 employeurs répartis en France, en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni. Outre l’ubiquité de l’IA déjà démontrée par les études ci-dessus, c’est la demande en compétences qui ressort le plus.
Certaines données sont particulièrement encourageantes pour les futurs salariés. Les employeurs seraient prêts à mieux payer tous ceux disposant de compétences en IA. Et cette tendance se voit autant dans la technologie de l’information (+30%) que la vente et le marketing (+28%), la finance (+28%) ou même les ressources humaines (+24%).
L’étude met également en évidence les difficultés des employeurs à trouver des travailleurs qualifiés. 81% d’entre eux se plaignent d’une pénurie de talents. Et si une bonne moitié des travailleurs estime avoir une connaissance « basique » de l’IA, ils ne sont que 14% à prétendre maîtriser l’outil.
Les CFA doivent se préparer
Comme nous l’évoquions dans un précédent article, l’adoption des nouvelles technologies ne constitue plus un atout. C’est maintenant une nécessité. Les centres de formation comme l’iSCOD ont déjà entrepris de repenser leur méthodologie. Le projet ATENA a même fait de l’intelligence artificielle le pilier de cette transformation.
Des formations adaptées à cette révolution technologique auront en outre de quoi tempérer les inquiétudes de la génération Z. Beaucoup ont peur d’une contraction du marché de l’emploi en raison de l’automatisation de certaines tâches. Mais le marché a aussi besoin d’un effectif bien formé à l’intelligence artificielle ! Nous l’avons vu, les secteurs impliqués ne se limitent absolument pas à ceux de la tech. Ce sont tous les secteurs d’avenir, du marketing au management, qui sont concernés. Et l’iSCOD favorise les formations pour des postes en demande. L’importance de l’utilisation de l’IA chez les jeunes peut donc être, pour eux, un atout à exploiter.
Ne serait-ce que pour le management, une récente étude de Google Workspace auprès de jeunes actifs (22 à 39 ans) présente des résultats sans équivoque. 88% des 1 000 répondants considèrent que l’IA les aide à moins procrastiner, comme un pied à l’étrier. 86% sont persuadés que cette technologie peut aider les leaders à devenir de meilleurs managers.
Un mouvement global et inévitable
Non seulement les chiffres ne laissent pas de place au doute, mais les certitudes ne font que se renforcer. La génération Z s’arme d’elle-même pour se préparer aux mutations du marché, sans même le savoir. Les jeunes actifs déjà en poste réclament de meilleures formations, et les employeurs semblent prêts à y mettre le prix. L’ère de l’IA est déjà là, et nous sommes aux devants de grandes transformations. À nous d’en saisir les enjeux !
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